Francis Lalanne, Hadopi, il a tout compris

Publié le par Le Marquis de Sadiscute

Au cours de la conférence de presse sur la Bataille Hadopi, Francis Lalanne, co-auteur de l’ouvrage, a répondu à quelques questions de PC INpact sur Hadopi : l'interview ICI

Francis Lalanne a tout compris et c'est bien le seul à l'exprimer si jamais il y en a d'autres. Cependant, comme Francis est toujours caricaturé par les médias en artiste illuminé, on peut compter sur la partialité le professionnalisme des autruches journalistes pour faire entendre ce point de vue de manière objective.
En résumé :
- le téléchargement illégal n'est pas la cause de la crise du disque.
- internet doit rester neutre. La poste n'ouvre pas notre courrier. Elle le transporte, c'est tout.
- on pourra faire tout ce que l'on voudra, les gens continueront à échanger, partager des oeuvres.
- les maisons de disque, qui prétendent défendre les artistes, ont vendu pendant des années à 20€ des cd qui n'en valaient que 5 ou 8 tandis que les artistes ne touchaient que 1 euro par disque.
- la finalité de l'art n'est pas de faire de l'argent.

C'est sans doute ce dernier point le plus intéressant car on ne l'avait pas entendu jusque là. "C’est quelque chose qui s’est produit : l’art, à un moment donné, dans la logique de la société de consommation, de l’économie de marché, est devenu une forme de production lucrative. C’était peut être son destin, mais cela na jamais été sa finalité" dit Francis Lalanne.
C'est là le noeud de problème. Puisque l'art sous forme de musique s'est fait happé dans un système typique de biens de consommation, il n'y a de raison que ce système échappe à la destruction créatrice, processus qui désigne la disparition de secteurs d'activité conjointement à la création de nouvelles activités économiques. En l'occurence, le numérique nique sa race au support physique.

L'art musical n'est pas en danger, ce sont les distributeurs de musique sous leur forme actuelle qui sont en danger. Et peut-être aussi que les chanteurs très appréciés ne seront plus millionnaires, et alors ? La finalité de l'art n'est pas de faire de l'argent. La finalité du sport non plus n'est pas de faire de l'argent. Peut-être que dans quelques années, on n'en aura plus rien à faire du football et alors les joueurs de foot seront bien content de ne pouvoir vivre qu'en jouant au foot sans prendre un boulot à côté, comme sont obligés de le faire les sportifs de certaines disciplines qui ne sont pas populaires, donc médiatisées, donc noyées dans un tas de fric.

Que la puissance publique intervienne pour "sauver" l'industrie du disque obsolète, accrochée à son âge d'or désormais révolu, prouve bien qu'elle ne fait pas la distinction entre art et bien de consommation mais qu'elle lie les deux sous prétexte de défense des droits d'auteur.
Personne n'a proposé de loi pour sauver les vendeurs de pellicules argentiques. Ca paraît normal. Alors pourquoi vouloir sauver des distributeurs de galettes en plastique ?

Publié dans Médias

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article